Moxas et moxibustion

Les Moxas sont des bâtonnets d'amadou d'armoise, de forme cylindrique, d'une vingtaine de centimètres de longueur. On en trouve la première étude dans le plus ancien recueil connu de médecine chinoise, le Livre de l'Empereur jaune, sans doute compilé entre - 500 et - 220. Ces vertus leur ont valu de se voir inscrits au patrimoine immatériel de l'humanité par l'UNESCO en 2010. L'usage des Moxas est hélas, encore trop peu répandu en France.
Ils permettent de chauffer les points d'acupuncture en dégageant une chaleur intense et très localisée, et ainsi de stimuler, de disperser les tensions énergétiques ou de renforcer les méridiens faibles. Les moxas peuvent atteindre 800 °C. La chaleur liée à cette température élevée entre ainsi très profondément dans les tissus. En contrepartie, la pratique de la moxibustion se trouve réservée à des praticiens formés à cette spécialité et expérimentés. Entre les mains d'un shiatsuki compétent, elle s'avère sans risque et extrêmement bénéfique.
Il existe plusieurs techniques de moxibustion. Si des praticiens les posent sur une rondelle de carotte, de gingembre ou de concombre au contact de la peau, je préfère pour ma part les tenir à quelques distances et chauffer ainsi la zone concernée. Cette approche permet de varier la distance entre la pointe incandescente du moxas et l'épiderme, afin d'avoir le résultat attendu en s'adaptant à la sensibilité du receveur. Chaque peau et, pour un receveur donné, chaque point, réagit différemment. Il est donc indispensable de ne pas appliquer de recette particulière, mais, comme la digitopuncture de percevoir les réactions du receveur et de s'adapter en permanence au ressenti de la personne sur lesquels on les applique. Les zones dans lesquelles l'énergie circule mal réagiront moins que les tsubos on bon état. Il conviendra d'insister particulièrement sur les premières et, sans négliger les autres, de se contenter d'une présence plus légère.
En aucun cas, le moxa ne doit provoquer de brûlure. Une rougeur ponctuelle et temporaire apparaît sur la peau avant que la douleur devienne réellement pénible pour le receveur. Aussitôt que celui-ci trouve la chaleur insupportable, le shiatsuki doit éloigner le bâtonnet d'armoise, quitte à revenir sur le point concerné quelques minutes après.
Selon l'angle adopté, l'effet des moxas variera. On les tiendra perpendiculairement à la peau pour traiter les méridiens. Mais on pourra les incliner suivant tel ou tel angle pour provoquer une circulation de l'énergie dans un sens déterminé. 

Indications et contre-indications :
Les Moxas sont utilisables en cas de dysfonctionnement énergétiques entraînant des douleurs Yin, c'est-à-dire les douleurs latentes, "installées", qui sourdent en permanence ou de manière récurrente. Ils permettent de tonifier les zones vides Kyo qui sont à l'origine de ces inconforts. Ce sont des douleurs froides et l'apport de chaleur permet de rétablir la circulation énergétique de manière quasi-immédiate. 
A l'inverse, on ne met pas de feu sur le feu. On ne doit pas moxibuster des douleurs Yang, douleurs chaudes, du type inflammations, contusions, hématomes,  eczéma, etc. Il faudra attendre l'extinction du feu pour traiter la zone par les moxas, et l'on devra utiliser d'autres méthodes de digitopuncture pour rétablir l'énergie. Il en va ainsi dans le cas de tous les excès de feu connu comme tels en MTC.
Les Moxas ont aussi fait leurs preuves sur des déformations articulaires, telles que les déformations des pieds chez les femmes portant des chaussures trop étroites. La chaleur intense dégagée par les Moxas incite les orteils à retrouver leur position normale par réflexe de fuite. Bien entendu, ce protocole ne porte ses fruits que s'il n'y a pas ossification.
Par ailleurs, certains points ne doivent jamais être exposés aux moxas. Il s'agit dans une première catégorie, des points interdits dans un certains nombre de situations pour le shiatsu. C'est le cas du point 67 de la Vessie chez les femmes enceintes. Ensuite, les points où le système veineux affleure l'épiderme de doivent pas non plus être chauffé aux moxas. Le sang est en lui-même une forme de Feu pour la MTC. Et on ne met pas de Feu sur le Feu, comme nous l'avons déjà dit. Il s'agit en particulier du visage et de certaines parties des membres où l'on discerne l'appareil circulatoire à travers la peau, par exemple la face interne du poignet. Enfin, quelques points ne sont pas moxibustables. C'est le cas pour des tsubos du Vaisseau Gouverneur le long de la colonne vertébrale.

Déroulement d'une séance de Moxas :
Moxibustion méridien de la Vessie
Il faut d'abord identifier le problème du receveur avec précision, pour identifier le type de bloquage, Yang ou Yin. La distinction demande un grand savoir faire qui passe par le questionnement et par la palpation. 
Dans un second temps, le shiatsuki va détendre le receveur par un shiatsu du visage ou du dos et l'aider à respirer en exerçant des pressions sur sa cage thoracique.
Enfin, commence la séance de Moxas proprement dite. Le Shiatsuki cernera la zone douloureuse. Puis suivant les cas, il traitera directement cette zone en suivant le méridien sur lequel se situe le blocage, ou bien, il pourra lever celui-ci par des points distants du lieu même du méconfort, situés sur le même méridien. C'est le propre du Shiatsu ou de la MTC que de pouvoir améliorer à distance les problèmes d'énergie.
Le praticien pourra aussi identifier un problème spécifique au receveur, par exemple un problème d'angoisse et de stress, et améliorer la situation en moxibustant le méridien correspondant, en l'occurence, le méridien de la Vessie. 
Au terme de la séance, le praticien frictionnera la zone moxibustée avec de l'Huile Essentielle de Lavande Aspic pour faire disparaître les traces d'échauffement sur l'épiderme. 
Il est possible que receveur observe une remontée de la douleur dans les heures qui suivent la séance, avant la disparition ou l'atténuation notable de celle-ci.

Différents types de Moxas :
Pour ma part, j'utilise des moxas classiques, que l'on trouve dans les boutiques spécialisées du 13 è arrondissement parisien. Leur efficacité n'est plus à démontrer, mais ils ont l'inconvénient de dégager une forte odeur. Il faudra pouvoir ouvrir
Moxas chinois classiques
les fenêtres une demi-heure après leur emploi. De plus, le donneur devra se servir d'une pince et se laver les mains à l'eau froide pour éviter que ses mains ne s'imprègnent de cette odeur.
Il existe aussi des Moxas sans fumée. Mais ces derniers s'éteignent souvent et donc nécessitent d'interrompre la séance pour les rallumer. 
Enfin, au Japon, on utilise parfois des cônes d'armoise. Lorsque ceux-ci se consument au contact de la peau, ils provoquent une brûlure profonde et ils laissent des marques extrêmement durables, que l'on peut observer sur la peau de certaines Japonaises. Je n'utilise bien sûr pas cette technique, trop douloureuse et marquante à mon goût.

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